Quelle surveillance des patients traités par opioïdes dans les unités de soins conventionnels ? Revue de la littérature, alerte et mise au point du CAMR, de la SFAR et de la SFETD*
Mise au point sur les risques de dépression respiratoire postopératoire liés aux opioïdes et les modalités de surveillance postopératoire des patients qui en bénéficient
1
Service d’anesthésie-réanimation, centre hospitalier Princesse-Grace, 1, avenue Pasteur, F-98000 Monaco, France
2
Comité analyse et maîtrise du risque de la SFAR, 74, rue Raynouard, F-75016 Paris, France
3
Service d’anesthésie-réanimation, hôpital de la Croix-Rousse, hospices civils de Lyon, 103, grande rue de la Croix-Rousse, F-69317 Lyon cedex 04, France
4
Société française d’étude et de traitement de la douleur (SFETD), 972, route des Grands-Roseaux, F-38620 Montferrat, France
5
Service d’anesthésie, Institut hospitalier franco-britannique, 4, rue Kléber, F-92300 Levallois-Perret, France
6
Département d’anesthésie-réanimation, hôpital Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc, F-94270 Le Kremlin-Bicêtre, France
7
Département d’anesthésie-réanimation, CHU Grenoble-Alpes, avenue du Maquis-du-Grésivaudan, F-38700 La Tronche, France
8
Service de réanimation, hôpital Fondation-Rothschild, 29, rue Manin, F-75019 Paris, France
Risques de dépression respiratoire postopératoire liés aux opioïdes : 1) tout patient bénéficiant en postopératoire d’un traitement par opioïde est à risque de dépression respiratoire quelle que soit la voie d’administration ; 2) la littérature rapporte que la dépression respiratoire survient majoritairement dans les 12 heures postopératoires, la nuit (entre minuit et 6 h) et entraîne généralement le décès du patient ou une encéphalopathie postanoxique ; 3) les facteurs de risque de dépression respiratoire sont connus (liés au patient, au type de chirurgie et aux modalités d’administration) et doivent être recherchés dès la consultation préanesthésique ; 4) des scores prédictifs de dépression respiratoire existent et ont été validés sur de grandes séries publiées ; 5) l’administration continue d’oxygène est une fausse sécurité, pouvant même retarder le diagnostic. Modalités de surveillance postopératoire des patients bénéficiant d’opioïdes : 1) la surveillance clinique seule est insuffisante chez les patients à risque ; 2) une surveillance paraclinique (avec SpO2 et capnographie) est efficace chez les patients à risque ; 3) de nombreux systèmes de surveillance continue électronique (utilisant SpO2, capnographie, impédancemétrie et/ou pléthysmographie) existent, mais ne peuvent être recommandés actuellement en pratique courante du fait de leur ergonomie, de leur coût, de leurs nombreux artefacts et des faux-positifs. Leur développement semble être la solution d’avenir ; 4) l’hospitalisation en postopératoire des sujets à risque en unité de soins continus (pendant 24 heures) reste la seule alternative fiable pour prévenir ce risque.
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