La kétamine en pratique militaire
Ketamine in Military Setting
1
Service médical de l’état-major de défense, case 51, AP 210, 1, place Joffre, F-75700 Paris 07, France
2
Antenne médicale de Saint-Pierre, direction interarmées du service de santé des FAZSOI, F-97804 Saint-Denis, France
3
Département d’anesthésie et réanimation, hôpital d’instruction des Armées Percy, 2, rue Lieutenant-Raoul-Batany, F-92140 Clamart, France
4
1re chefferie du service de santé des armées, direction de la Médecine des forces, F-78129 Villacoublay, France
5
154e antenne médicale ; 10e centre médical des armées, F-13784 Aubagne Cedex, France
6
État-major opérationnel santé, direction centrale du service de santé des armées, F-75509 Paris, France
7
École du Val-de-Grâce, F-75005 Paris, France
* e-mail : olivier1.dubourg@intradef.gouv.fr
La gestion de la douleur en milieu militaire est primordiale, en particulier sur le terrain, puisqu’elle impacte la sérénité de la prise en charge en contexte hostile ainsi que la réalisation de l’évacuation médicale, notamment par hélicoptère. Le blessé au combat typique est un homme jeune porteur de lésions pénétrantes souvent hémorragiques conduisant à un état de choc hémodynamique. La littérature montre que la prise en charge de la douleur n’est pas suffisamment systématique dans sa phase initiale, alors qu’elle est un facteur indépendant d’augmentation de la morbimortalité chez ce patient. Depuis plusieurs années, on constate un recours croissant à la kétamine par les médecins militaires sur le terrain, à visée d’analgésie-sédation. Les recommandations de plusieurs instances médicales militaires ont évolué dans le même sens, préconisant l’usage de la kétamine pour le blessé en état d’instabilité hémodynamique ou respiratoire. En milieu civil d’urgence, plusieurs études soulignent la sécurité d’emploi et l’efficacité antalgique de cette drogue lors de la prise en charge initiale du patient traumatisé en choc. Son administration par voie intranasale semble une piste particulièrement intéressante pour la médecine militaire comme pour la médecine de catastrophe, ajoutant une facilité d’administration à un profil de sécurité et d’efficacité bien documenté. La poursuite de travaux de recherche est cependant impérative pour mieux préciser la place et les modalités d’emploi de la kétamine en préhospitalier militaire.
Abstract
Pain management in a military setting is mandatory, especially in the field, as it has an impact on the serenity of care in an austere environment, as well as the medical evacuation, particularly by helicopter. The typical combat casualty is a young man with penetrating trauma often hemorrhagic leading to shock. The literature shows that the initial pain management is not sufficiently systematic, whereas it is known as an independent factor of morbidity and mortality for that type of patient. For many years, there has been an increasing use of ketamine by military doctors on the field, for analgesia-sedation. The recommendations of several military medical authorities have evolved in the same direction, recommending the use of ketamine for hemodynamically or respiratory unstable casualties. In civilian emergency settings, many studies have proven the safety and the efficiency of this drug, and have confirmed ketamine as a reliable solution for pain control of critical patients. Its administration by intranasal route seems particularly interesting for both military and disaster medicine. Safety and efficacy profiles seem to be mandatory, adding ease of administration to a very likely, though insufficiently documented, safety and efficacy profile. All in all, the conduct of randomized studies on the use of ketamine for pain management in a military environment, both in terms of effectiveness, undesirable effects and determination of target dosage, is essential to consolidate a seemingly inescapable position.
Mots clés : Kétamine / Médecine militaire / Douleur / Analgésie / Préhospitalier
Key words: Ketamine / Military medicine / Pain / Analgesia / Prehospital
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